« Pourquoi il pleure ? » « Tu lui laisses tout faire ! » « Quand il fait des colères comme ça, il devrait aller tout seul dans sa chambre ! » « Tu vas l’allaiter encore longtemps ? »
Voilà des phrases que vous avez certainement entendues (ou que vous entendrez probablement) de la part des adultes de votre entourage plus ou moins proche : conjoint, famille, amis, et pourquoi pas un commerçant ou même quelqu’un qui, dans la file d’attente du supermarché, vous aura glissé : « De mon temps, les enfants, au moins, ils obéissaient !»
Le bébé qui se frotte les yeux, qui se tourne et se retourne sur la table à langer au moment du change, le bambin qui se raidit comme un piquet au moment de s’installer dans le siège-auto, qui veut le seau rouge du copain de bac à sable, qui montre la banane posée sur la table…
Ce sont, là aussi, des scènes que vous avez pu vivre ou que vous vivrez avec votre tout-petit.
Dans de nombreuses situations, l’écoute active et l’affirmation de soi vont se révéler être des outils de communication indispensables pour accompagner un enfant, quel que soit son âge, tout autant que pour prendre soin de la relation avec les autres et avec soi-même. Ces compétences nous seront utiles tout au long de notre vie et seront d’autant plus précieuses dans des périodes de bouleversements telles que la naissance d’un bébé, avec tout ce que cela suppose de mouvements à l’intérieur de soi et des personnes qui nous entourent.
Avec le bébé ou le bambin qui ne parle pas encore, nous allons écouter son langage corporel :« Tu es fatigué, tu as besoin de dormir.» « Tu n’as pas envie d’être allongé sur cette table à langer. Toi, tu voudrais bouger. » « Tu ne veux pas partir. Tu ne veux pas être attaché dans le siège-auto. » « Tu voudrais le seau rouge. » « Tu aimerais manger cette banane. » Puis notre enfant grandit et il se met à parler. Il va alors pouvoir nous signifier avec de plus en plus de précision ce qui se passe pour lui.
À l’arrivée d’un enfant dans notre vie, nous allons également souvent être amené à écouter notre entourage, à commencer par notre conjoint, mais aussi notre famille, nos amis : « Ça t’inquiète d’entendre le bébé qui pleure.» « Ça t’agace de le voir monter sur la table basse. » « Quand il est en colère, tu voudrais qu’il aille dans sa chambre tout seul. » « Ça t’interroge de voir que je l’allaite encore. »
Il va également être important de s’affirmer, de poser ses limites, de faire part de ses choix, d’exprimer comment nous nous sentons, de quoi nous avons besoin : « Vous pouvez venir nous rendre visite aujourd’hui, nous serons disponibles pour vous recevoir pendant une heure. » « Je me sens en colère quand tu cries sur lui. » « J’ai besoin d’aide. Est-ce que tu pourrais venir faire un peu de ménage et plier du linge, un moment dans la semaine ? »
L’écoute et l’affirmation de soi vont nous aider à rester en lien, à se comprendre et accepter l’autre, même quand nous ne sommes pas d’accord, et à se soutenir mutuellement dans ces nombreux défis qui se présentent à nous.
L’écoute est la base du travail de parent, qui inclut aussi les relations avec le/ la conjoint(e) et l’entourage, car nous ne sommes pas seuls à bord et le fait de se sentir compris et soutenu va nous permettre de soutenir et de mieux comprendre notre enfant. C’est un cercle vertueux.
Le message que je donne à l’autre quand je l’écoute c’est : « Je t’accepte tel que tu es, tu es le bienvenu dans toutes les dimensions qui font de toi ce que tu es. » Cela va nourrir la confiance en soi, en l’autre, en la relation en apportant de la sécurité.
L’objectif de l’écoute est simplement celui de se connecter à la réalité de l’autre. Ce qui peut nous aider à cela, c’est d’avoir conscience qu’il n’existe pas une réalité objective mais une multitude de réalités. Nous pouvons imaginer que nous vivons chacun sur une colline, de laquelle nous avons un point de vue unique. Quand j’écoute l’autre, je vais descendre de ma colline et le rejoindre sur la sienne pour essayer de voir au plus près ce qu’il voit, ce qu’il vit, d’où il est, lui. Ce qui implique que je lâche mon point de vue. Ce n’est pas facile à mettre en place car nous sommes vite confrontés à nos freins, nos automatismes, nos blessures, nos émotions… Et tous les conseils que nous voudrions formuler, les reproches, notre envie d’avoir raison… qui peuvent alors faire obstacle pour rejoindre l’autre là où il est.
En pratique, écouter c’est avant tout se taire et donner toute son attention aimante à la personne qui parle. Ouvrir le plateau d’accueil, laisser le silence s’installer, tout en étant vigilant, être là, bien présent. Sachant que 93 % de la communication passe par le langage corporel, il est important de s’observer afin de s’assurer que le message que délivre notre corps est « Je suis disponible pour toi.»
Ce qui va aider l’autre à parler, et qui va lui permettre de se sentir écouté, dans notre comportement c’est de se mettre à sa hauteur, de soutenir son regard, de manifester notre intérêt et d’accuser réception en acquiesçant, en souriant, de ponctuer son propos de « Mmm », « Oui », « Je vois ». Cela apporte de la sécurité car il se sent compris, puis soulagé. Il peut alors poursuivre son récit et faire des allers-retour vers lui-même. Se sentir écouté nous aide à grandir, nous ne sommes plus inquiets à l’idée de répondre aux attentes explicites ou implicites de l’autre car nous sommes aimés inconditionnellement.
Pour permettre à l’autre d’aller plus loin, nous pouvons formuler des messages d’écoute active pour lui montrer que l’on a compris (ce qui ne veut pas dire que l’on est d’accord), soit en reformulant ce qu’il a dit (1), soit en cherchant ce qu’éprouve la personne « Tu te sens… (sentiment) » (2).
Exemples :
(1) – « Ton enfant pourrait dire merci ! »
– « C’est important pour toi qu’il dise merci. »
(2) – « Il ne me lâche pas une minute ! »
– « Tu te sens fatiguée. »
Nous pouvons également poser des questions de clarification ou d’exploration pour aider l’autre à avancer :
« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » « Qu’est-ce qui se passe ? » « Ce serait quoi l’idéal pour toi ? »
Ces questions ne sont pas des questions de curiosité pour notre propre compte mais elles sont au service de l’autre, elles le soutiennent dans son cheminement.
Celui qui écoute se fait le reflet de ce que l’autre dit pour qu’il trouve ses propres solutions, sans chercher à l’emmener là où il veut.
Le point essentiel à retenir ici, c’est l’importance de l’intention : l’attention aimante c’est 95 % du chemin vers l’autre. Et, indépendamment des protocoles, le seul langage universel et efficient entre tous les êtres humains, c’est celui du cœur ! Que ce soit le cœur de votre conjoint(e), des membres de votre famille, de vos amis, ou encore celui de la boulangère ou même, qui sait, de cette personne, là, dans la file d’attente du supermarché. 😉